Saga des Moulins

En 1601, un autre moulin est construit sur des terres en friches, en haut d’une éminence qui culmine à 162 mètres : le mont Trouillet. Cette construction, accompagnée d’une ferme, reste isolée jusqu’au milieu du XVIIIè siècle. A ce moment un deuxième moulin vient se dresser tout à côté de son prédécesseur, la date de son édification est imprécise mais se situe entre 1760 et 1785. Ce dernier en très mauvais état a été détruit en 1923 par son propriétaire, le célèbre Docteur Emile Roux de l’Institut Pasteur, au grand désespoir des Sannoisiens. Le précédent n’existe pus aujourd’hui.
Au début du XVIIIè siècle le géographe César Cassini l’a utilisé comme point de repère pour l’établissement de sa carte de France au moyen d’un système de triangle. L’actuel ne date donc que de 2 siècles, et il a bien faillit subir le même sort que l’autre, en 1926.

En effet le propriétaire ne pouvant assumer les réparations (30.000 francs de l’époque) a proposé à la municipalité de s’en rendre acquéreur, mais pour les mêmes raisons et estimant “que sa disparition ne nuira pas à l’attrait du paysage environnant” le conseil municipal laisse le propriétaire “agir comme il l’entendra”; Heureusement ce dernier ne fit rien et le moulin devint plus tard propriété de la commune, qui dès 1961 envisage sa restauration, elle ne sera terminée qu’en 1976. Il sera classé monument historique la même année. Il est considéré comme étant le plus grand moulin à pivot d’Europe.

Les moulins à pivot sont formés d’un socle fixe sur lequel un corps quadrangulaire en bois, mû par une longue pièce de bois “la queue” , peu tourner pour être placé dans le sens du vent, ce qui permettait de faire tourner le moulin 24 heures sur 24.
Au début du XIXè siècle, le blé cultivé à Sannois ne constitue pour les agriculteurs qu’un revenu d’appoint. néanmoins, l’existence en 1820 de trois moulins au sommet de la colline, au lieu de 2 en 1787, démontre que la production céréalière s’était développée de manière assez sensible.

Au moment de la guerre de 1870, l’activité des meuniers a totalement cessée. Pourtant les meules de blé sont encore dressées, à cete époque, au moment de la moisson. Au début du XXè siècle, les céréales ne constituent pus une production notable à Sannois.

Dès les premières années de la IIIè République, il règne une joyeuse ambiance au sommet de la colline, chaque fin de semaine. C’est l’époque des guinguettes de Sannois. La butte du Montrouillet, avec ses moulins et ses bois tout proches, représente un centre d’excursions trés apprécié dès la fin de la guerre de 1870. Plusieurs établissements commerciaux ont été construits à l’intention des touristes.
A la belle saison, les Parisiens viennent le dimanche à Sannois, les uns par le train, les autres en vélo. Les habitants de la localité gravissent à pied la colline qui offre à tous un havre de paix, dans un cadre champêtre et gai.

Chez le “Père la Galette”, les promeneurs peuvent déguster la fameuse galette et boire le vin de Sannois (le Picolo*) et danser près des bosquets de verdure. Jules Romain, dans “Les hommes de bonne volonté” (II – page 463) a évoqué de manière trés pittoresque cette atmosphère. Mais en 1913, à la suite d’incidents, les bals publics ont été interdits le dimanche par la municipalité, au grand regret des commerçants de la butte.
Un an plus tard…. qui avait envie de danser??
Dans la région, la vigne était l’activité agricole la plus importante. Le Fromental et le Pinot ou Morillon étaient les variétés les plus appréciées. Entre 1284 et 1303, le vin de Sannois représentait 11% de la production régionale d’un des pls grands vignobles européens! Sous la Restauration la vigne est, à Sannois, l’essentiel de l’activité agricole mais les guerres et surtout les vins du sud de la France plus facilement transportables provoquèrent le déclin du vignoble de la région : en 1900 il n’y a plus que 45 hectares de cultivés à Sannois et depuis 1892 l’on ne replante pratiquement plus de nouvelles vignes.
La vendange faite à la serpette, était aussitôt menée au pressoir banal où elle était foulée puis pressée. Le jus (moût) recueilli était mis en cuve, souvent additionné de miel pour hâter la fermentation.

Le marc était éliminé et repris par le vigneron, arrosé d’eau il donnait la “piquette”. Après quelques jours de fermentation du moût, on obtenait un vin blanc, “clercs comme lerme d’oeil”, ou légèrement tinté, “clairet” qui était mis en tonneau.

Son faible degré alcoolique ne pouvait lui assurer une longue conservation et sa commercialisation devait être menée trés rapidement.

Cet inconvénient est aussi une grande partie responsable d son déclin. c’est ainsi que le cidre va remplacer le Picolo pour accompagner la galette.

* Piccolo ou Picolo : emprunté (1819) à l’Italien piccolo “petit” (XIIIè s) est tiré d’une base expressive : “pill-” exprimant la notion de “petitesse” depuis le XVIè siècle pour désigner un vin léger qui manque de corps. il a été repris dans le langage populaire au sens de “petit vin de pays, léger et clairet” (1876), il est sorti d’usage vers 1940. (Dictionnaire historique de la langue française – Le Robert)